Vie et peuples du Yemen
Pour une superficie de 530 000 km2, le Yémen compte environ 14 millions d’habitants dont seulement 2,5 millions pour la partie sud du pays (recensement de 1994). Après la religion, les structures tribales jouent encore un grand rôle dans la société yéménite contemporaine et chaque qabila (tribu) vit toujours selon ses lois. Chacune élit un cheikh, homme respecté pour sa sagesse, qui arbitrera les litiges en se référant à la Shari’a, ou loi coranique, tout en préservant la cohésion sociale.
Les tribus portent souvent le nom de l’ancêtre dont elles se réclament. Parfois ce nom est précédé de Bani (fils de…), ainsi les Bani Muslim dont le territoire est à l’ouest de Yarim. Sédentaires, agriculteurs d’origine, ils vivent essentiellement de cultures (sorgho, mil, blé ou maïs) destinées à leur consommation personnelle, et de cultures de rapport telles que le qât et le café. Certains membres de cette tribu possèdent des postes clés au sein de la vie politique et économique du Yémen. Cela n’empêche pas la plupart des traditions yéménites de subsister.
Elle trouvent leurs origines dans les antiques coutumes tribales. Il en va ainsi de la jambiya, cette dague que les hommes portent à la ceinture comme signe distinctif de leur qabila, tout comme de la bar’a (danse de la jambiya) que l’on exécutait autrefois lors des mariages, des fêtes laïques ou religieuses. Les vêtements des femmes varient aussi beaucoup d’une tribu à l’autre.
La notion d’honneur tient une grande place dans la société yéménite et les relations qu’entretiennent les hommes, leur comportement à l‘égard des femmes et des étrangers sont codifiés. Il existe un ordre social rigoureux, même si cette structure à tendance à se fracturer ces dernières années.
Le niveau d’instruction croissant de la population devrait également contribuer au changement car la connaissance n’est plus le domaine réservé des sada et des qudah (élite religieuse). Cette influence diminue progressivement en allant vers le sud où les liens tribaux sont plus faibles. Par ailleurs, les Yéménites n’hésitent pas à quitter le village pour étudier à l’université ou pour des raisons professionnelles.
Le Yéménite a gardé sa réputation, celle d’appartenir à un peuple heureux et chaleureux, à l’hospitalité sans égale. L’arabe est la langue commune à tout le pays et nous avons du mal à communiquer avec les villageois que nous rencontrons (l’anglais est très rarement parlé et le français encore moins).
La vie est rythmée par les récoltes où hommes et femmes travaillent ensemble dans les champs et sur les aires de battage. Les enfants pendant ce temps jouent de leur côté et seuls les plus âgés donnent parfois un petit coup de main à leur parents. L’heure de la sieste est aussi l’heure du qât : séance très conviviale, presque quotidienne, où les hommes se retrouvent dans le mafradj de leur hôte (salle de réception) pour chiquer cette fameuse plante, aux effets narcotiques. Tandis que les corps se détendent, les esprits s’envolent et les hôtes entament une conversation des plus animées.