La Gaspésie
Merde comment ça marche une automatique!? Je suis sur le parking du loueur et je n’arrive pas à bouger la voiture. Le moteur est allumé ça c’est bon, j’ai bien l’impression d’avoir enclenché la manette mais quand j’appuie sur l’accélérateur, le moteur monte en régime mais c’est tout. 5 minutes, toutes les combinaisons de manettes.
Puis je comprends que tant que le frein à main est enclenché, ça embraye pas…
Je finis finalement par sortir de ce sketch, puis du parking pour m’engager sur le boulevard. Sa taille, démesurée selon les standards français, pourrait laisser penser que la circulation y est souvent dense. Je verrai plus tard que ce n’est pas le cas, le Québec est grand, sa population éparse et sur la route on est rarement pressé par le trafic.
Je quitte Québec sans y entrer, j’aurai l’occasion de visiter la ville en fin de séjour. J’ai hâte de prendre la route et de découvrir ces grands espaces qui qualifient le Québec dans notre imaginaire. Je traverse le fleuve Saint Laurent sur le pont Pierre Laporte puis je tourne à gauche en direction de la Gaspésie. Je n’ai pas vraiment le temps de m’arrêter car j’ai rendez-vous le soir même à Matane. Mon guide des prochains jours m’attends pour que nous organisions le programme dans les Monts Chics Chocs.
Randonneurs dans les monts Chics Chocs en direction du Mont Xanadu. Voir plus de photos de Gaspésie.
Les Monts ChicsChocs, ce mot Micmac me plait. Ce massif, qui joue le rôle de Montagnes aux yeux des québecois, est un des objectifs de ce voyage au Québec. Je vais y rester quatre jours et le parcourir de long en large à pied. Je laisse donc la voiture au gîte du Mont Albert, un hôtel des années trente logé en altitude qui aurait plu à Stanley Kubrik s’il avait du trouver une alternative pour son film Shining. Attention, c’est une révérence car j’ai beaucoup aimé l’ambiance et l’endroit, hors du temps et loin de tout. Je vous laisse découvrir le cadre de mes randonnées dans les chics chocs.
Vue classique des Monts Chics Chocs, le pic brulé depuis le pic de l’aube. Voir plus de photos de Gaspésie.
Temporisation, la voiture reste au parking. Il se passe environ 4 jours. Je marche en pleine nature, je vois des orignaux, des castors, un rare caribou de Gaspésie, et quelques Sapiens
J’enchaine pour la seconde partie du voyage, le roadtrip. Je n’avais pas de plan véritable, sauf à me laisser guider par la route et les arrêts nécessaires pour alimenter le véhicule. Les seuls étapes incontournables : Percé et son île aux oiseaux bordée de phoques gris, la baie de Gaspé et une sortie en mer pour une observation des baleines, les parcs de Forillon et du Bic accessibles et photogéniques.
La route quitte le Parc Naturel de Gaspésie par le sud puis glisse le long de la rivière Cascapedia. Après 70km, j’arrive à New Richmond qui me rappelle que la région a toujours été en déséquilibre linguistique. Rivalités outre-océanes lorsque France et Angleterre se battaient pour le Canada. A New Richmond, on parle encore français, mais en face de l’autre coté de la Baie des Chaleurs qu’il faut prononcer avec l’accent, il y a la petite localité de Belledune où l’anglais domine. Tout cela est accepté maintenant.
L‘étape suivante est Percé. J’y reste une nuit, dans un petit hôtel qui donne sur la mer et l‘île Bonaventure, principale richesse touristique de la bourgade. Cette île Bonaventure est un lieu cauchemardesque pour toute personne ornithophobe. C’est la plus grande colonie au Monde de Fou de Bassan avec plus de 120 000 volatiles.
L‘Île Bonaventure, la plus grande colonie de fous de bassan au Monde et une des plus grandes et des plus accessibles réserves ornithologiques.
Plusieurs navettes font l’aller/retour toute la journée et permettent aussi, en faisant le tour de l‘île, de voir la colonie de phoques installée sur les rochers au pied des falaises. Les gardiens de l‘île ont aménagé plusieurs sentiers pour accéder au clou de la visite, la colonie de fou qui se trouve à l’opposé du débarcadère. En prenant son temps, surtout si on est photographe, il faudra prévoir une journée complète pour le sujet “Bonaventure” (aller/retour depuis le port de Percé)
Pour me remettre de mes émotions animales et me remplumer de cette sortie en mer, je dîne à la Maison du Pêcheur. Pour résumer le repas: je prends une Pit Caribou en apéro, la bière de Gaspésie. Je commande un homard que je n’ai pas attrapé, puis une seconde Pit Caribou avant d’attaquer.
Vue sur Percé et l‘île de Bonaventure, le matin. Voir plus de photos de Gaspésie.
Je quitte Percé au petit matin en direction de Gaspé, la seconde étape côtière de mon voyage. j’y resterai 2-3 jours, entre la baie de Gaspé et le Parc National Forillon.
Gaspé est aussi un lieu historique puisque c’est ici que Jacques Cartier mis pied à terre la première fois, dans un coin de la ville ou près du Musée de la Gaspésie musée, personne ne sait exactement.
La baie de Gaspé est aussi une région très propice à l’observation des cétacés.
Oui, les baleines!. Évidemment.
J’ai déjà eu l’occasion d’en voir, ailleurs dans les tropiques où ces bêtes aiment aussi croiser, mais leur observation est une de ces choses dont on ne peut se lasser. Je prends quelques photos évidemment, puis je pose l’appareil pour en profiter pleinement. On peut aussi en voir en prenant son temps le long du sentier qui mène à Cap Gaspé tout au bout de Forillon.
Pour quelques photos de baleines, et d’autres animaux du Nouveau Monde, j’ai posté un petit billet dédié ici : les animaux au Québec.
Le Parc Forillon, qui mérite d’ailleurs le vrai nom de Gaspé (du terme micmac “Gespeg” signifiant “fin des terres”), est un joli petit endroit aménagé pour la visite en famille. On pourra y noter le sens du service des employés du Parc, l’aménagement des sentiers, les ours noirs plutôt tolérant.
Une maison devant le Saint-Laurent
En traversant le Parc, on bascule sur la côte nord de la Gaspésie et on rejoint le Saint Laurent. Enfin le Saint Laurent, c’est encore ici l’océan et il faudra rouler quelques centaines de kilomètres vers l’est avant d’apercevoir l’autre rive du fleuve.
Alors que vers Gaspé la route était sinueuse et me faisait rebondir de cap en baie, ici elle subit la linéarité de la côte. Pas qu’elle soit monotone juste un peu, mais je ressens moins le besoin de m’arrêter. Les villages côtiers que je traverse se ressemblent, construits le long de la route et non loin de l‘église, ce point commun des cultures qui rassemble et rassure les gens. Sainte Anne des Monts que j’atteins en fin de journée devaient ainsi veiller sur les premiers français venus s’installer ici, comme une arme spirituelle entre Saint Laurent et ces sauvages des Chics Chocs.
Coucher de soleil sur le Saint Laurent dans la région de Sainte Anne des Monts. Voir plus de photos de Gaspésie.
Je termine le voyage en m’arrêtant au Parc du Bic, un endroit plutôt agréable qu’on ne peut pas éviter lorsqu’on quitte Rimouski. Ensemble de petites îles et baies entremêlées, le marnage notable offre la possibilité de belles photos marines ou quelques phoques viendront encore poser. Presque blasé, il est temps que je rentre.