Comme en beaucoup d’endroits la religion chrétienne a poussé ses moines à s’isoler, s‘éloigner des tentations et du bruit de la société pour se rapprocher du divin. Posé sur la frontière qui sépare la Géorgie et de l’Azerbaïdjan le Monastère de David Garedja n’est pas excessivement fréquenté eu égard à l’importance historique et culturelle de l’endroit.
Il y a comme une tradition à s’isoler en montagne chez les moines, cela simplifie la conception d’un monde parfait. Un chercheur confrontera sa théorie à l’expérience en limitant les effets connexes pour mieux la comprendre, un religieux s’isolera du Monde pour toucher la vérité qui est trop complexe à penser en société.
Ici il y a 1000 ans quelques moines méditaient devant des paysages hostiles et isolés.
Ainsi un peu partout sur terre, les églises ont créé des lieux saints où les hommes (surtout) sont venus s’isoler pour tenter de trouver du sens. Ainsi par exemple la vallée d’Ihlara ou les églises de Göreme en Cappadoce et les cellules isolées à flans de falaise en Tuf.
Sur la route en direction de Udabno qui se trouve à quelques kilomètres du complexe monastique
Le paysage alentour et la route qui mène au monastère tranche fortement avec la haute montagne du Grand Caucase. Assez bêtement je voyais la Géorgie comme un pays montagneux mais c’est vite oublier qu’il s’agit surtout d’une région de passage, un couloir entre le Caucase au nord et l’Arménie voisine chrétienne au sud. Avec l’Azerbaidjan, la Géorgie permet de relier la Mer Caspienne à la mer Noire. Ce partenariat forcé entre les deux pays malgré leur culte différent se retrouve jusque sur les lieux du Monastère qui, comme par un truchement divin et malin, se situe tout juste sur la frontière entre la Géorgie et l’Azerbaïdjan.
Le monastère Lavra est le premier et le plus facilement accessible des monastères et églises du complexe. C’est aussi ici que vivent encore quelques moines.
La partie la plus récente du complexe se trouve coté Géorgien. D’importants travaux de maçonnerie visent à réhabilité cette partie, en partie encore habitée. On est évidemment bien loin de l’age d’or des XIe et XIIe siècles où le complexe monastique attirait les artistes de l‘époque. Le site cessa d‘être habité, ou alors épisodiquement et sans retrouver la gloire d’antan, après les invasions mongoles du 13ème siècle.
Le site est construit sur une crête montagneuse composée d’une roche friable, idéale pour la population de moine désireuse de venir s’installer. Ainsi ce sont près de 5000 cellules monastiques qui ont été dénombrées sur les flancs de la montagne. Par endroits de véritables petites églises, réfectoires et autres pièces nécessaires à la vie d’une large communautés ont été creusés. Du coté azéri le monastère d’Udabno et ses grottes offrent encore aux visiteurs de très belle fresques même si elles ont souffert d’une époque récentes où le culte n‘était pas forcément bien vu. La région était sous domination soviétique pendant une large partie du 30ème siècle.
La visite des lieux est aussi l’occasion de belles balades.
Une des grottes de la partie sud coté azéri
La fresque de la Cène. En y regardant de plus près, elle semble incomplète. On peut reconnaitre le Christ sur la gauche, mais seulement 11 apôtres. L’un d’entre eux en silhouette, en arrière plan, n’est pas terminé. On pourrait supposer qu’il s’agit de Judas, mais cela n’explique pas pour autant que seuls onze parmi les douze sont représentés.
Quelques anges. Ma culture chrétienne est un peu légère pour savoir ce que cette fresque représente
Twitter, question pour toi, tu t'y connais en christianisme? C'est une fresque dans un monastère de Géorgie (David Garedja), des anges apparemment. Que représentent-ils, l'annonce aux bergers, ou la nativité, ou autre chose? pic.twitter.com/VMMr0UgVuE
— Vincent Gaudin (@vincentgaudin) September 22, 2019
Une petite chapelle isolée sur la crête à la frontière avec l’Azerbaïdjan, beaucoup plus récente. Sur la gauche le sentier qui permet d’accéder aux grottes et aux fresques présentées plus haut. la Géorgie est sur la droite.
Il reste encore par endroit quelques icônes posées, comme ici, dans une petite alcove. Sans doute le don d’un chrétien de passage.
Je vous conseille aussi de lire les articles de à contre sens et Un tour dans le Sac riches en détails et informations si vous souhaitez visiter le complexe. Ce voyage a été réalisé avec l’aide de l’UCPA.
