Je pense à visiter Minorque depuis plusieurs années. Quelques amis, des habitants des Baléares comme des Catalans du continent non loin m’en vantaient les mérites. Différente des autres îles de l’archipel, la qualité première de Minorque tient en partie à son histoire politique. Dans les années 60 Franco privilégia le développement de Majorque la grande voisine (Minorque était du coté du camp républicain, on dit qu’il a voulu punir l‘île). Ainsi, le développement hôtelier y fût moindre, et aujourd’hui en nos temps de tourisme durable où les clients recherchent plus d’authenticité l‘île connait un regain d’intérêt.
Minorque attisait mon désir il y a un an lorsque je tombais sur une communication dans les réseaux autour du “Menorca Cami de Cavalls“, une course à pied qui suit le chemin côtier. Comme dans beaucoup de régions maritimes ces chemins servaient de piste de patrouille pour la défense de l‘île, nommés aussi dans beaucoup d’endroit chemin des douaniers. Ici c’est le chemin des chevaux.
Près de 50km en diagonale, Minorque est assez peu développée en dehors des deux villes rivales de La Ciutadella à l’ouest et Mahón à l’est. La plus grande partie de l‘île est agricole, une des qualités indéniables de l‘île où le tourisme durable se développe. Les côtes sont elles aussi assez peu habitées, offrant ainsi un superbe terrain de jeu pour la randonnée.
Le chemin côtier, chemin douanier et plus anciennement chemin de défense de l‘île.
Minorque est une île relativement plate, une sorte de plateau posé sur la mer. Le plus haut sommet, El Toro, pointe à 358m. Dans la non continuité d’un tourisme qui ne s’est pas trop développé, les côtes sont restées sauvages sauf dans les quelques barrancos à l’embouchure desquels des villages ont toujours existé. Ce sont les points de départ pour de belles balades en bord de falaise et de criques en criques.
La côte sud, très méditerranéenne, découpée. Des petites falaises et des criques au sable blanc, hyper photogéniques!
Sur la côte sud où je logeais quelques jours, j’ai pu m’entrainer le long du Cami de Cavalls (GR 223 selon la nomenclature espagnole des sentiers de randonnée), en particulier sur la côte sud depuis Cala Caldana, vers Cala Macarella, Cala en Turqueta et Cala des Talaier. Les criques (c’est ce que signifie Cala, comme les Calanques en Corse, ou bien la cale où les bateaux sont ancrés) sont ici absolument sublimes. La roche calcaire et le sable banc inhérent à la géologie de cette partie de l‘île donnent à ces plages et aux eaux une couleur bleu turquoise que j’ai rarement vu ailleurs. Si les quelques photos des criques n’ont pas fini de vous convaincre, sachez que le bord de mer très préservé de Minorque est classée comme réserve de biosphère par l’UNESCO.
La côte nord, sous le vent de la tramontane, fleuri en ce mois de mai 2017.
L’intérieur est encore différent. Si le climat était océanique, et après quelques pluies pour verdir le sol, on jurerait se trouver dans le Connemara en Irlande. D‘étroites routes sillonnent entre des murets de pierre sèche une campagne de petites collines. Ça et là des fermes typiques postées en haut de leur bosse dominent leurs terres. On imagine facilement à l‘époque que c‘était la façon la plus efficace de garder le contrôle des choses. Je n’ai pas eu le temps de visiter l’intérieur de l‘île, mais je suspecte la présence de quelques sentiers cachés, plus verts et vallonnés que j’aimerais à l’occasion découvrir.
Le charme indéniable des criques de la côte sud.
En allant vers le nord les collines disparaissent et l‘île se termine en un grand plateau calcaire où rien ne freine le vent. Ici il a fallu toute l’abnégation de génération de terriens pour quadriller le territoire des même murêts qu’on trouve encore une fois en Irlande, sur l‘île d’Aran. Même problème, même solution. Pour combattre le vent il n’y a pas plusieurs manière de faire, il faut le stopper pour cultiver. Avant eux, la terre était sèche et rocheuse, avec le temps, les murs ont protégé les jeune pousses et l’agriculture s’est développée. La côte quant à elle, naturellement moins protégée que dans le sud, subit la Tramontane qui souffle ici avec force et plie les quelques arbres qui résistent. La côte est aussi moins escarpée et l’ambiance est plus austère. C’est aussi un fort élément différenciant les deux côtes, rendant le GR223 intéressant à plus d’un titre: une boucle de 186km de circonférence faisant le tour de l’ile au “presque” plus près de la côte, une variété géologique entre le nord, le sud, l’est et l’ouest, les deux villes de Mahón et Ciutadella aux extrémités pour se ravitailler, un format suffisamment long pour le sportif qui voudra le pratiquer sur une semaine, ou deux semaines pour le marcheur qui déambule.
Non loin de Mahón la capitale, une belle réserve naturelle, le Parc natural de s’Albufera des Grau. Je suggère d’y faire un arrêt, l’endroit n’est pas commun et les fans d’ornithologie y prendront plaisir à observer les quelques espèces qui viennent s’y poser lors des migrations annuelles entre l’Europe et L’Afrique. L‘île est évidemment bien placée en plein coeur de la Méditerranée.
Je compte retourner sur Minorque, peut-être pas tout de suite mais probablement pour venir en faire le tour en courant à l’occasion de l‘événement dont je parlais en début d’article, le Trail Menorca Cami de Cavalls qui a lieu au printemps.
Ce voyage a été réalisé à l’invitation de l’office de tourisme des Iles Baléares mais je n’ai pas été payé. Pour plus d’informations sur les Baléares, je vous suggère de visiter le site officiel illesbalears.travel ainsi que de lire mon article sur Majorque.