Randonnée dans le Valais
Après trois trains (à l’heure), je pose mon sac dans un hôtel de Mörel. Je suis dans le Valais, cernée par les Alpes suisses, entourée de petits chalets. La Suisse telle que je l’imaginais !
Mörel est un point stratégique pour explorer la région ; grâce au train et aux téléphériques, des dizaines de randonnées sont accessibles facilement. Ainsi, on pourra laisser les gros sacs à l’hôtel et partir marcher en ne portant que le strict nécessaire (bouteille d’eau, etc. et surtout petite veste, parce qu’il fait frais sur les hauteurs).
Après cette journée sur les rails, je file me dégourdir les jambes à Ried-Mörel, le petit village du dessus. Je grimpe dans une télécabine comme je prendrais le métro, et c’est parti pour deux heures de promenade au travers des petits sentiers pour redescendre à Mörel-pas-Ried.
Le village de Ried-Mörel. Voir plus de photos
Le lendemain, c’est une randonnée un peu plus longue qui m’attend. Nous rejoignons Moosfluh en téléphérique, idéal pour surplomber la vallée et apprécier le paysage… avant l’effort. De petits sentiers permettent de redescendre un peu pour commencer à distinguer le glacier d’Aletsch, la plus grande langue de glace d’Europe avec 23,6 km de long. Tout à l’heure, nous marcherons dessus. Mais pour l’instant, il mérite qu’on s’arrête un peu pour l’admirer. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le glacier continue pourtant de fondre, inexorablement : il perd 30m chaque année.
En s’approchant, on distingue les failles, qui montrent bien les mouvements du glacier. On descend encore un peu, puis il faut chausser les crampons pour une initiation à la randonnée glacière. N’en ayant jamais fait, j’angoissais forcément mais finalement c’est aisé, même pour un débutant. Nous marchons encordés, en évitant les failles. La seule difficulté, c’est de toujours faire attention à la corde, qu’elle ne traîne jamais à terre ni ne soit trop tendue. Ça demande un peu de concentration et ça rend la prise de photo beaucoup plus compliquée mais je prends le rythme, tant bien que mal.
Il faut être encordé avant de s’aventurer sur le glacier. Voir plus de photos
On précisera tout de même que, si c’est accessible aux débutant, la randonnée glacière n’est pas non plus à conseiller sans guide, il faut savoir repérer les endroits où marcher, et ainsi éviter de rester coincé au fond d’une crevasse. Il est peu probable qu’on vous retrouve, vue la faible fréquentation du lieu !
Les crampons déchaussés, nous empruntons le Chemin de la Moraine, au milieu de la forêt d’Aletsch (mélèzes, rhododendrons et, de temps en temps, un chardon !). La “Moraine”, c’est tout simplement l’ensemble des débris qu’a transporté puis rejeté le glacier, en fondant. Et effectivement, on voit bien les strates des “dépôts”.
La forêt d’Aletsch a un charme fou, incroyablement verdoyante. Nous remontons peu à peu, en jetant régulièrement un regard au glacier, derrière nous. Au sommet, nous reprenons le téléphérique de Riederalp, direction la vallée pour un repos bien mérité.
Après une bonne nuit de sommeil, nous repartons vers le glacier mais d’un autre côté. Après un train pour Fiesch, et un premier téléphérique pour Fiesheralp, le second nous dépose ainsi pratiquement au sommet de l’Eggishorn qui, du haut de ses 2934m, nous offre une vue incomparable sur la langue de glace. Quelques pas sur un chemin de pierres permettent d’aller tout au bout, pour une vue sur tous les plus hauts sommets des Alpes, y compris le Mont Blanc lorsque le ciel est dégagé.
Le glacier d’Altesch est dominé par neuf sommets de plus de 4000m
Notons que ce lieu n’est pas réservé aux trekkeurs surentraînés dans la fleur de l‘âge, c’est au contraire très accessible. Ce qui est moins aisé, c’est la première partie de la randonnée du jour. En effet, nous devons rejoindre le lac Märjelensee, tout en bas. Sauf que le chemin est une suite d‘éboulis et de névés sur éboulis.
Je marche de rocher en rocher, tâchant de rester dans les pas de mon prédécesseur, m’assurant de la stabilité de chaque caillou. Pour l’instant, tout va bien mais voilà le premier névé. Je regarde notre guide, un vieux montagnard qui a l’habitude mais ne s’attendait pas à un chemin ainsi obstrué. Il semble savoir où mettre les pieds. Mais ce n’est pas mon cas. A plusieurs reprises, la neige cède, et je me retrouve parfois prise jusqu’au bassin. Doucement, on arrive au bout. Mon pantalon est trempé, mais je suis heureuse d’avoir toujours mes deux chevilles !
Un fois les éboulis et névés traversés, la marche est plus aisée, même si mes jambes en tremblent encore. Nous longeons un petit lac fort mignon, toujours avec la vue sur le glacier, au loin, avant de retrouver le restaurant.
Après un repas revigorant, nous traversons la montagne… par en-dessous. Un tunnel peu accueillant nous permet en effet de rejoindre le chemin de Fiescheralp, sans éboulis ni névés, ouf.
Sentier en balcon surplombant le glacier. Voir plus de photos
Pour la dernière journée en Suisse, le programme est léger : visite de la Villa Cassel, une vieille bâtisse devenue musée dédié à la protection de la Nature, parfait pour en savoir plus sur la forêt d’Aletsch. Puis dégustation de fromages au musée de l’alpage (renseignez-vous à l’office du tourisme pour les horaires et jours d’ouverture), un vieux chalet conservé en l’état.
Pour en savoir plus
Ce voyage a été réalisé avec l’agence Allibert Trekking : autour d’Aletsch. Pour la randonnée glaciaire, regardez plutôt par là. pour aller à Mörel, prenez le TGV Lyria puis les trains locaux.
Les photos sont l’œuvre d’Aurélie Amiot.