Dans une église notre guide nous montre une fresque au plafond, elle représente Saint Georges combattant le dragon. En anticipant la question qu’on doit toujours lui poser j’apprends que la Géorgie ne tient pas son nom du Saint terrassant le dragon mais du mot grec γεωργία signifiant agriculture. Les Grecs ont sans doute voulu rester génériques car la grande fierté des Géorgiens est précisément l’agriculture de la vigne pour ce produit roi qu’est le vin.
La Géorgie fait partie de ces pays qu’on a toujours du mal à placer sur une carte sans être un peu versé dans la Géographie. Ou dans l’histoire. Avec l’Arménie (en l’an 314), la Géorgie est la première région où la chrétienté est adoptée comme religion officielle (en 317). Les légendes racontent l’histoire d’une Sainte Ninon jeune et impétueuse qui aurait convaincu la population, avec sans doute quelques alliances politiques, que le christianisme avait du bon.
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Plus récemment (juste un peu) le pays souffre de fortes tensions géopolitiques. Sécession de l’Ossétie du Sud, guerre en Tchétchénie Outre-Caucase dans les années 1990, terrain de jeu de la Russie qui tire les ficelles. Une histoire difficile pour les personnes qui y vivent comme notre jeune guide et sa famille qui a du migrer depuis son Abkhazie natale sous la pression ethnique lors des lourds événements de 1992.
Tbilissi la moderne et ses nombreuses églises des premières heures du christianisme.
Randonnée en direction de L‘Église de la Trinité de Gergeti dans la région du Mont Kasbek.
Me voici donc à Tbilissi, la capitale du pays qui mélange style soviétique décrépi et architecture contemporaine en verre. La ville est vivante mais nous n’y restons pas et nous prenons la direction de la première étape de notre voyage vers Stephantsminda dans le Grand Caucase. Une introduction aux montagnes avant de rejoindre la Touchétie et ses tours de pierre, une région des plus isolées de Géorgie, puis le complexe monastique de David Garedja sur la frontière avec l’Azerbaïdjan.
Stephantsminda ou Kazbegui, quelle est donc le nom de cette ville. Jusqu’en 2006 c‘était Kazbegui et les Géorgiens l’appellent toujours ainsi. Pour une raison que je ne connais pas, la ville porte aujourd’hui le nom d’un moine local, Étienne. Ça tombe bien, c’est aussi le nom du premier martyr reconnu du christianisme, et c’est plutôt valorisant dans un pays où la religion est centrale et très présente. Joseph Staline, lui même né en Géorgie, avait pourtant tout fait pour empêcher le peuple d’y croire, prétextant selon une fameuse marxime que la religion est l’opium du peuple.
Religieuse Georgie
Nous faisons une petite randonnée d’une journée dans une vallée connexe à celle de Stephantsminda. J’aurais aimé y rester quelques jours de plus pour tenter l’ascension du Mont Kasbek, un sommet peu technique mais culminant quand même à 5047m. Une autre fois peut-être, la Touchétie nous attend.
La Touchétie est encore aujourd’hui difficilement accessible. Une seule route y mène. Construite dans les années 1960 elle n’est accessible qu’en été et seulement pour les 4×4. Plutôt qu’une route, c’est une piste de montagne largement tributaire des aléas géologiques et des glissements de terrain. Nous y entrons après 1 journée de route et le passage du col d’Abano à 2820m d’altitude dans la vallée isolée. Devant nous la Touchétie, adossée à la majestueuse chaine du Haut Caucase marquant la frontière avec la Tchétchénie derrière.
La Touchétie et une poignée de villages très isolés, quelques familles y vivent encore mais le tourisme qui se développe pourrait contribuer à y faire revenir un peu d’activité.
Le village d’Omalo dans les nuages, c’est le principal centre d’activité de la région.
La Touchétie est très peu développée. Aux temps jadis les villages vivaient en quasi complète autarcie et ne pouvaient compter que sur leurs propres ressources pour lutter contre les conditions climatiques difficiles mais aussi pour se défendre contre les intrusions des nomades du nord qui venaient piller leurs greniers. C’est ainsi que les villages Touches se transformèrent en villages fortifiés et hautes tours qui servaient de coffres forts. Ce trésor historique et architectural, en partie aussi parce qu’il souffre de la désertion des populations par les jeunes attirés vers Tbilissi, a valu l’inscription de toute la région au patrimoine mondial de l’Unesco.
Collé à la frontière avec l’Azerbaïdjan, le complexe monastique de David Garedja et ces multiples églises troglodytes.
A très bientôt pour la suite de ce récit de voyage.
Ce voyage a été réalisé avec l’UCPA.