Femme guide de randonnée
Khadidja est une guide marocaine, je l’ai rencontrée lors d’une randonnée de plusieurs jours dans la vallée d’Aït Bouguemez. Comme tous les autres guides de montagne, elle est passée par le Centre de Formation aux Métiers de Montagne de Tabant. Créée il y a plus de vingt ans à l’image de la formation française d’accompagnateur en montagne, l‘école accompagne les jeunes guides passionnés qui guideront les touristes, souvent français, dans l’Atlas.
Khadidja est guide depuis 3 ans pour Allibert Trekking. Elles ne sont qu’une dizaine en tout au Maroc, au regard des dizaines d’hommes qui sortent chaque année de l‘école. Évidemment, on pense à la position de la femme dans la culture islamique. Il suffit aussi de marcher sur les sentiers et le longs des vergers de la vallée pour constater que leur rôle au champ est primordial, que le foyer familial est sur leurs épaules.
Originaire d’une vallée du Moyen Atlas, Khadidja quitte son village pour aller étudier l‘économie à Meknes mais doit rapidement travailler pour faire face au coût de la vie étudiante. Ainsi, elle est ouvrière à la chaine dans une usine d’assemblage de câbles pour 2000 dirhams par mois (~180€) pendant quelques temps, puis, mal du pays aidant, elle décide de rentrer dans son village du moyen Atlas. Elle tente alors à 25 ans le concours d’entrer au Centre de Formation aux Métiers de Montagne.
“Mon Père m’a encouragée à tenter l’aventure, merci à lui. Quand je vois ces petites filles des campagnes porter le bois… l’accès à l‘éducation ouvre tant de portes”.
Il faut bien savoir évidemment que cette possibilité “d‘émancipation” n’est pas donnée à tout le Monde. Les familles n’ont souvent pas d’autres choix que de travailler durement, et l’investissement que représente une ou deux années d‘éducation est un gros sacrifice pour des foyers qui vivent en général au jour le jour.
Pour Khadidja cependant, la venue des touristes français, les échanges avec les professionnels de la montagne et l’ouverture culturel en général, poussent à l‘évolution des mœurs. Aujourd’hui la position de la femme évolue. Elle même d’ailleurs ne ressent pas de gène particulière dans la pratique de sa profession, ce qui surprend parfois les randonneurs qu’elle accompagne, sans doute parce que nous avons toujours quelques préjugés sur une société marocaine que nous connaissons finalement peu.