Méharée dans le Hoggar
Cette méharée de Tamanrasset aux Tassili du Hoggar d’environ 250 Km en 12 jours doit être considérée comme une aventure et il ne faut absolument pas la comparer aux méharées qui se déroulent dans le Hoggar lui-même. Nous devons en effet obéir à différents impératifs qui sont de moindre importance pour les méharées en territoires fréquemment parcourus, comme ceux de l’Atakor, de Tanget ou de l’Aréchoum.
Des siècles durant, les Touareg du Hoggar ont fait le commerce du sel avec le Niger. Les caravanes quittaient la palmeraie de Tamanrasset en direction du nord-est et rejoignaient – après un périple de prés de 400 km- les salines de l’Amadror, alimentées jadis par les grands fleuves sahariens.
On y chargeait les chameaux de lourdes plaques de sel, et l’équipage reprenait la route vers Tamanrasset pour se réapprovisionner, et remplir quelques tracasseries administratives auprès du colon français. Puis venait le grand départ vers le sud-est, en direction des marchés nigériens où l’on attendait le sel, afin de le revendre dans toute l’Afrique noire.
Là, les nomades s’approvisionnaient en mil, et autres denrées introuvables au désert. Chargés du produit de leur commerce, parfois d’or et d’étoffes ils reprenaient la route vers leurs campements respectifs, après parfois six mois d’absence. Il leur fallait auparavant retraverser le Ténéré qui sépare le Sahel des oueds de l’Atakor, cette immense zone aride qui encercle les Tassili du Hoggar.
Lorsque l’Algérie accéda à l’indépendance, le nouvel Etat fit savoir aux nomades que le franchissement de la frontière était désormais interdit aux caravanes et le commerce du sel de l’Amadror s’éteignit. Cependant, certains guides n’ont pas oublié cette route, et c’est avec leur collaboration qu’aujourd’hui nous en retrouvons une partie, la plus belle, celle qui mène jusqu’aux somptueux sites des Tassili.
Ce trekking au coeur de l’Algérie est un voyage assez exigeant, qui s’adresse à des personnes en bonne condition physique et qui sauront apprécier l’isolement et l’authenticité des environnements traversés. Néanmoins, la longueur du parcours est modérée, le terrain ne présente aucune difficulté technique et les étapes sont relatives régulières.
L’absence de puits sur une distance importante implique une gestion rigoureuse des réserves et limite l’usage de l’eau à la boisson et à la cuisine (sans restriction pour la boisson). Il ne faut pas considérer ce trekking en Algérie comme un circuit anodin, mais comme un voyage, soumis aux aléas du terrain. Le méhariste est tributaire de son chameau, et il donne la priorité à sa monture. Ainsi les étapes peuvent-elles être adaptés en fonction des pâturages. Il est difficile de déterminer à l’avance à quel moment exact aura lieu la pause méridienne et où sera installé le bivouac bien que nous connaissions le parcours.
Les étapes de ce trek ont une longueur moyenne de 20 à 25 km. Chacun dispose de son propre chameau, et il est possible de le monter à discrétion. Les Touareg sont responsables de leurs chameaux ; néanmoins, ils seront heureux de vous apprendre à sceller, et apprécieront une assistance pour rassembler les animaux le matin et les bâter.
Le parcours de la méharée présente l’essentiel des paysages sahariens –excepté les grands massifs dunaires- A l’ombre des pitons volcanique de l’Atakor, nous empruntons les oueds qui descendent de l’Assekrem. Les marges de cette zone sont constituées de formations granitiques caractéristiques.
Les chaos de boules de granites rugueuses se délitent en un sable rose et grossier. Le réseau des petits oueds qui y serpentent se jette dans le sillon inter tassilien, où coulèrent les grands fleuves. Ces grands oueds se présentent aujourd’hui sous la forme de plaines sableuses infinies dans laquelle la caravane devient un navire sur l’océan. Dans cette immensité minérale, de petits sommets jalonnent l’espace et offrent de grandioses belvédères. Enfin, à l’horizon se profile la barre bleue du Tassili.
Peu à peu la forteresse apparaît, et c’est en caravane que nous parvenons dans les sites magiques de Tin Akacheker et de Tagrera. La fin de ce trek dans le Hoggar, et le retour en véhicule vers Tamanrasset s’effectue par une autre route, celle de l’oued Tin Tarabine, qui nous permet de découvrir d’autres sites, dont celui de Youf Ahket.