L'Islande et ses villages de pêcheurs
Il y a trois ans lors de mon tour de l’Islande en voiture je m‘étais arrêté à Stykkisholmur. C‘était encore l’hiver et le paysage était blanc. Je ne pensais pas que j’y reviendrai pour prendre le ferry que j’avais vu quitter le port, je ne suis jamais très attiré par la mer.
La suite du voyage nous laissait deux options: rejoindre le nord ouest en faisant le tour complet par la route, ou bien traverser le grand fjord en profitant de la navette qui relie la péninsule montagneuse à Flatey une île plate. Pour gagner du temps on avait choisit la première solution.
Le port de Stykkishólmur dans l’ouest. A l’horizon, les montagnes de la péninsule de Snaefellsnes. Voir les autres photos de ce tour de l’Islande en hiver ici.
Nous prenons donc le ferry du matin. Je n’aime pas les ferries. C’est sans doute le moyen de transport le plus chiant que je connaisse avec l’avion, le mal de mer en plus. Ici c’est un peu différent car on traverse un archipel qui donne au moins la possibilité de quelques photos autres que les classiques mouettes, remous et amoureux au bout du pont.
Au loin le ciel est menaçant et la lumière sur la côte nous offre quelques beau plans. Le ferry s’arrête à Flatey décharger quelques marchandises et touristes, puis reprend la traversée.
Ça prends environ 2h30, l’arrêt à Flatey compris. Nous débarquons à Brjanslaekur.
Lors de la traversée de Breiðafjörður, on croise de nombreux ilots rappelant clairement l’origine volcanique; ces jolis blocs bien alignés sont du basalte. Je vous renvoie à vos cours de physique du solide et de cristallographie pour comprendre leur processus de création.
La petite ile de Flatey. Aujourd’hui le lieu n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut jadis, un gros village de pêche, et vit en partie des touristes qui y voient un arrêt bucolique lors de la traversée du fjord. Les 2 passages par jour dans chaque sens permettent de passer quelques heures sur l‘île en attendant le prochain Ferry.
Nous logeons à quelques kilomètres de Brjánslækur à Bardastrandalur le soir même. Ne vous attendez pas à trouver grand chose en ce lieu dit, ce n’est qu’un point de passage. Vous avez deux options, filer vers l’ouest et la pointe de Látrabjarg, ou bien traverser vers le nord en direction de Bildudalur et Arnarfjörður. Notre temps est limité (c’est d’ailleurs ce qu’on s’est dit, une semaine c’est un peu court) et nous nous octroyons un rapide allez-retour vers cette falaise aux oiseaux qui fait tant parler d’elle dans les guides.
C’est le deuxième spot du voyage où on doit voir des phoques. En arrivant sur place on aperçoit des taches noires à l’horizon sur la dernière bande de sable, juste avant l’océan. il faudra descendre de notre point de vue et marcher plusieurs kilomètres sur le sable pour en avoir confirmation. Ce sont plus d’une centaine d’individus qui se reposent sur une langue isolée à l’opposé du chenal qui mène au large. Je suis au moins à 200m de la colonie et j’en garderai le souvenir sans photo.
Sur la route vers Látrabjarg vous devez absolument faire le détour vers la grande plage de Rauðasandur. Vous y verrez des phoques au loin, sujet presque banal. J’ai surtout eu un gros coup de cœur pour cette plage immense aux teintes de rouille perdue au bout d’une piste en terre. Rien d’autre, juste une ferme.
Le sentier qui monte et longe la falaise de Látrabjarg permet d’accéder à quelques points de vue sur une incroyable colonie d’oiseaux marins. Évidemment, les Macareux Moines mais aussi les Pingouins Torda qui méritent autant l’attention de votre objectif. Je publierai quelques photos pour les ornithophiles.
De retour de Látrabjarg nous croisons aussi la carcasse d’un vieux cargo échoué au fond d’une baie, une ferme avec des tracteurs, des troupeaux de moutons le long de la mer, d’immenses champs de lupins qui teintent la montagne de mauve et des panneaux routiers qui avertissent des dangers des monstres marins. Nous profitons aussi du soleil rasant qui rend à peu près n’importe quoi photogénique. Par flemme on ne prend même plus la peine de sortir de la voiture.
En rentrant de notre journée à Latrabjarg nous nous arrêtons devant cette plage. C’est absolument superbe, graphique, complètement ce que je cherche en photographie de paysage. Au loin nous voyons le Snaefellsness pour l’avant dernière fois
Dernière vue sur le Snaefellsness avant d’entrer dans les fjords.
Le lendemain nous coupons par l’intérieur en direction de Bildudalur. La suite du voyage jusqu‘à Ísafjörður nous fait découvrir les quelques ports de pêche de chaque fjord. Même si je suis plutôt attiré par les grands espaces j’ai eu un gros coup de cœur pour ces villages: Bíldudalur, Þingeyri, Flateyri, Suðureyri. Je n’avais pas ce souvenir en visitant les fjords de l’Est que j’avais trouvés presque morts (en même temps c‘était en mars), ici dans l’ouest il y a de l’activité.
J’entends de plus en plus que l‘île est submergée par le tourisme au point d’en pâtir. C’est sans doute vrai dans le cercle d’or, mais ici j’ai l’impression que c’est plutôt bénéfique.
Du coté d’Arnarfjordur après une pause à Bíldudalur, encore un peu plus loin vers le far ouest.
Dos à la chute, vue vers l’Arnarfjörður. J’ai toujours du mal avec les chutes d’eau, surtout pour les prendre en photos. Il faut regarder vers le haut, on n’a pas assez de recul, et à vrai dire il faudrait plutôt carrément se mettre dessous pour en profiter. Je prends rarement les chutes d’eau, je vous laisse faire un tour chez Miles and Love si vous voulez voir à quoi ressemble Dynjandi.
Petit chalutier posé à Þingeyri.
Je vous conseille le café Simbahollin à Þingeyri. On y mange d’excellentes gaufres (pas vraiment local) et on y rencontre de jeunes pécheresses du port tout proche.
Le vrai plaisir de se lever avec un fjord pour soi tout seul.
Après deux jours de camping sauvage où j’ai l’occasion de tester l’excellente MSR Hubba Hubba NX2 nous sommes accueillis par les propriétaires de l’auberge de Korpudalur. Un véritable petit refuge au fond de la vallée du fjord de Flateyri, d’anciens agriculteurs qui ont transformé la vieille maison en chambres d’hôtes. Nous sommes aussi vraiment gâtés par la météo et la fin de journée ensoleillée me donne envie d’aller courir. Je pars une heure en remontant le fond de la vallée jusqu‘à une plateforme exposée, en pensant faire quelques photos en situation. Je retournerai le lendemain courir autour de la vallée jusqu’au fjord pour une boucle de douze kilomètres, content de ne plus sentir ce début de tendinite apparu lors du Marathon du Laugavegur quelques jours auparavant.
Je profite de la fin de journée pour aller courir, reprise tranquille après l’Ultra Marathon du Laugavegur.
Nous aurions voulu profiter un peu plus de l’incroyable nature de cette région de l‘île, les sommets sont souvent encore enneigés en juillet. Il y a en particulier les Alpes des Westfjords au nom assez parlant culminant à près de 1000m et traversés par la route qui relie les fjords de Arnarfjörður et Dýrafjörður pour accéder à Þingeyri. Si nous avions eu un peu plus de temps, ou à l’occasion d’un autre voyage, j’aurais aimé partir pour quelques jours de randonnée sur ces hauteurs.
Plus nous avançons dans les fjords, plus je trouve que les villages me plaisent. Ici Suðureyri. Je prévois plus tard un focus en photo sur ces petits ports et leur ambiance.
Nous faisons une autre halte dans un des villages des fjords. Peut-être parce que ce jour là il faisait un peu moins beau je trouve Suðureyri encore plus attachant. Ici rien n’est neuf, les voitures doivent faire leur temps, pendant l‘été chacun s’occupe de l’entretien de sa maison qui souffre en hiver. Tout a l’air un peu vieillot, dans son jus, on ne consomme pas sans raison et le durable est de rigueur.
La ville des Fjords Ísafjörður est évidemment un peu plus animée mais il suffit de s‘écarter du petit centre ville pour retrouver cette ambiance de rues désaffectées où on se demande si l’endroit n’est pas abandonné. Ça me plait.
Ne vous méprenez pas, Ísafjörður est plus animée que cette rue prise depuis le sol.
La fin du voyage approche. Au loin il y a l’Hornstrandir, cette région qu’on ne peut accéder qu’en bateau et reconnue par les Islandais comme un lieu de quasi pèlerinage sauvage. Je n’y suis jamais allé et cela ne sera pas non plus cette fois-ci. Nous prenons la route en direction d’Holmavik sur la côte nord. En chemin il y a encore de nombreux points de vue, et un autre spot aux phoques.
Nous avons moins de temps entre Isafjordur et Holmavik, mais il est difficile de ne pas faire quelques pauses comme ici à Hvitanes.
A Holmavik il y avait une fête. On n’a pas osé s’incruster. On s’est d’ailleurs demandé ce que les Islandais faisaient un samedi soir pour s’amuser dans une petite ville comme Holmavik (oui bon, ils boivent évidemment). Un seul bar, peu d’activité apparente. Après quelques échanges avec les gens nous apprenons que le soir même il y a une autre fête dans un village à une trentaine de kilomètres. On hésite et on aurait sans doute du franchir la distance, mais personne nous a clairement dit qu’il fallait en profiter et y aller.
Il faut du temps pour découvrir l’Islande. J‘étais par exemple très agréablement surpris par les villages des fjords et j’aurais aimé y passer plus de temps. Comme dans tous les pays, le touriste se contente de visiter et encore plus ici la beauté du pays place l’Islandais en second plan. La prochaine fois je viendrai pour une Islande hors des sentiers battus et faire des portraits.
Dernier campement sauvage sur un promontoire face à la côte nord.
Ce voyage a été réalisé en partenariat avec Ferðakompaníið – The Icelandic Travel Company. Pour être déjà allé 6 fois en Islande, j’ai apprécié les conseils apportés lors de la préparation de ce roadtrip par Julien. Je n’ai pas été déçu des découvertes. Le billet d’avion m’a été offert par Wow Air une jeune compagnie aérienne qui se démarque de son concurrent national en propoSant du low cost sans en être vraiment (avions neufs, ambiance sympa).
Voir aussi à l’occasion de ce voyage “Le Snæfellsnes, première étape d’un roadtrip“, “Une Islande différente“ et “La faune d’Islande“.