La dune d'Abu Muharik.
Il faut rejoindre les confins du Sahara pour découvrir, isolé, posé sur un plateau calcaire, un cordon sableux de plus de 500 Km. Entre le Nil et le chapelet des oasis, La dune d’Abu Muharik “Le père des dunes qui bougent” avance inexorablement vers le sud, car rien ne l’arrête ; ni les reliefs rocheux qui égrènent sa course, ni les châteaux romains, ni la dépression de la plus grande oasis d’Egypte.
Sur une largeur de 5 Km, ou de 25, ses doigts se croisent et se décroisent à l’infini ; des trains de barkhanes, ces dunes mobiles en croissant, chevauchent de vastes dos de baleines, multipliant les paysages sahariens à l’infini. Ce fleuve divaguant palpite au gré de ses rencontres, des accidents de terrain aux simples ondulations du plateau venu de la vallée du Nil. Sur ce fil d’Ariane, de l’oasis de Baharya à la piste des 40 jours, nous retrouverons toutes les couleurs fauves du désert.
Au fil de sa descente vers le sud, la dune s‘élargit, et se multiplie au fil des obstacles. Longeant le sif principal, on est peu à peu encerclé de dunes sans avoir traversé un seul cordon ; c’est elles qui nous engloutissent ! La sensation que rien n’arrête cette dune interminable est très forte. Elle se faufile quand le paysage se resserre, épouse les reliefs traversés, et se dessine au fil des obstacles engloutis ou contournés.
Dans cette course vers le sud, les dunes rencontrent des buttes témoins argileuses, aux teintes d’oxyde de fer (rouge et jaune), des buttes plus sombres, des plateaux calcaires de blanc à rose, des massifs de craie, notamment un mini désert blanc dans les dunes magnifique !
Les roches émergeantes sont tantôt de forme arrondies (roches tendres), tantôt acérées lorsque les calcaires roses ou gris bleu sont plus durs. A peu près à la latitude de Farafra, on rencontre à l’est des cordons principaux des émergences de craie assez proches des formations du vieux désert Blanc (type champignon). Les sables étant assez clairs, les couleurs dominantes en fin d’après-midi sont roses.
Aux latitudes où Abu Muharik est la plus large, les enchevêtrements de dunes sont superbes, sans cesse tourmentées par le vent ; à l’intérieur des sifs, se créent des barkhanes, des trous, des dos de baleines. Environ 70 Km avant d’arriver au bord de la dépression de Kharga, elle se transforme en barkhanes isolées se déplaçant sur un plateau noir, recouvert de minuscules grains d’oxyde de fer. Ces barkhanes sont énormes… Puis le terrain devient plus accidenté ; la descente vers Kharga se fait en deux franchissements successifs de dépressions dans lesquelles on trouve des yardangs, un fond de lac séché aux écailles d’argile rouge craquelée.
Les barkhanes enchevêtrées deviennent plus orangées, puis nous pénétrons dans le bassin de l’oasis d’El Kharga. Cette immense dune solitaire quitte ensuite son plateau calcaire, pour envahir lentement l’oasis de Kharga, avant de poursuivre son chemin vers le sud.
Il n’y a quasiment pas de bois, ni de végétation le long du chemin, si ce n’est quelques buissons épars.
Cette exploration pédestre n’a jamais été entreprise ; seuls quelques véhicules ont suivi le fil intégral de ce cordon dunaire.