la ville hors du temps
C’est une machine à remonter dans le temps. HG Wells n’aurait pas mieux fait s’il avait du décrire l’expérience de la vie d’une bourgade de province colombienne au 19ème siècle. Estampillée coloniale, la ville de Mompox a sans doute souffert de se voir isolée des axes de communication qui en son temps faisait d’elle une ville majeure, et constater impuissante le développement de sa sœur Carthagène en aval.
Mompox est situé sur une île créée par la Magdalena, la seconde plus grande île d’Amérique du Sud. Plus grande île peu importe, les méandres des nombreux bras, les archipels d’eau douce et les successions d‘îles apportent encore plus de dimensions à la région. Pour s’y rendre, nous quittons Carthagène des Indes et roulons pendant quelques heures jusqu‘à rejoindre le fleuve. Ici nous attend une navette fluviale perdue parmi les nombreuses barges qui descendent et montent Magdalena depuis des lustres.
Les berges de la Magdalena et ses péniches. Plus de photos.
Au bout d’une dizaine de kilomètres, la navette bifurque et prend un des bras de la rivière, celui qui mène à Mompox. Nous débarquons au niveau des portes de la Marquise. A l‘époque lorsqu’un esclave voulait la liberté (en d’autres termes lorsqu’il avait tenté de s‘échapper), on la lui accordait à condition qu’il puisse traverser la longue allée de colonnades jusqu‘à la croix. Détail contraignant, à chaque colonne, un soldat l’attendait muni d’une barre de fer. Évidemment, aucun esclave ne réussit jamais de l’histoire de la ville.
Après cette introduction historique, nous passons quelques temps dans les rues animées puis descendons nous installer à notre hôtel légèrement excentré du centre ville.
Les portes de la Marquise. Plus de photos.
Le soir nous marchons quelques temps pour profiter d’une température plus clémente. En longeant le bord de la rivière nous voyons un passeur traverser, plus loin des enfants jouer au foot, ailleurs quelques amis regarder les autres passer dans la rue. Mompox est une ville qui n’existe pas, une gloire passée qui reste dans l’air, un lieu où les gens se laissent porter.
Le passeur de Mompox, à la rame pour un seul client. Plus de photos.
Nous nous dirigeons vers la place de l‘église Santo Domingo où il fait bon s’installer et commander là un jus de maracuja pressé et du poulet mariné grillé, lorsque les serveurs des boutiques ambulantes réparties sur la place assemblent le menu sur demande. Nous passons ensuite par la place qui se trouve devant l’Iglesia de la Concepción, où un petit café à installé quelques tables en extérieur, un excellent endroit moins animé pour prendre un cocktail ou un café.
La douceur de fin de journée, lorsque les gens sortent et les rues s’animent. Plus de photos.
Le lendemain nous partons en direction d’Angostura, un des nombreux villages éparpillés dans les marais de la région. On y va en barque à moteur en descendant le bras de la rivière Magdalena qui borde Mompox, puis ensuite on progresse à saute moutons entre les îles. Nous croisons de nombreuses espèces d’oiseaux, Courlan brun, Milan des marais et Héron Cocoi, et je prends beaucoup de plaisir à les photographier tant ils semblent peu farouches et qu’ils posent volontiers devant mon objectif. Il y a aussi bien sur les martins pêcheurs et habituelles aigrettes de toutes les tailles, mais aussi les iguanes plus farouches.
Courlan brun dans les marais. Plus de photos.
Nous faisons une pause sur Isla Leon pour déjeuner.
Isla Leon c’est ici précisément.
L‘île se détache des alentours et est moins sensible que ses basses voisines aux inondations régulières qui frappent cette région de marécages. Telle une petite arche de Noé on trouve ici cochons, zébus, dindons et singes hurleurs profitant de la sécurité des lieux et se nourrissant des mangues abondantes. Chez Léon dit-on, excellente adresse.
L’ambiance d’un comptoir d’Angostura. Plus de photos.
Nous terminons cette découverte par le village d’Angostura, un plus loin et tout aussi authentique que ce nous avons vu depuis le matin. Quelques histoires récentes, qui deviendront vite des légendes, racontent que dans la région régnait “el scorpion”, un narco commerçant comme on en trouvait souvent dans le pays. Aujourd’hui il est dit qu’il vit au États-Unis, dans une prison ou qu’il est mort tout simplement.Tout ceci est désormais du passé et chacun, ici à Angostura ou ailleurs, savoure avec plaisir le calme revenu et le farniente naturel qui sied à la région de Mompox.
Si vous souhaitez profiter de ce voyage réalisé avec Allibert Trekking et aller plus en avant de manière ludique, voici cette carte interactive qui permet de visualiser les différents lieux que je mentionne ici. Nous avons ensuite visité les environs de Carthagène des Indes, et dans la Sierra Nevada de Santa Marta le Parc National Tayrona.