Le Waitukubuli trail en Dominique

Un trek de 2 semaines

La Dominique. A vrai dire je n’aurais pas pu placer l‘île sur une carte. Si bien sur, j’aurais surement indiqué l’archipel des Caraïbes, mais il aura fallu que je demande à google pour qu’il me la situe entre la Guadeloupe et Martinique. L‘île souffre aussi de son homonymie avec la République Dominicaine qui apporte la confusion. On m’a ainsi répondu à deux reprises “Ah mais je connais j’y suis allé en all inclusive”.
Non la Dominique n’est pas une destination de masse qui se résume à quelques belles plages nettoyées chaque matin. La Dominique c’est un mélange agricole de rasta et de brume.

Le Waitukubuli trail en Dominique


Les femmes derrière le marché de Roseau

En arrivant de la Martinique, on débarque à Roseau. La ville a beaucoup de charme. Maisons colorées peintes et repeintes, musique dans les rues, vive animation près du marché. Ce jour là il n’y avait pas de paquebot de croisière dans le port et les habitants commerçants profitaient d’une journée calme. En certaines périodes ce sont 5 navires qui accostent débarquant plus de 10.000 touristes alors que la ville compte à peine plus d’âmes. Cependant ces touristes (ceux-là) ne sortent que rarement du centre ville, cela pour le plaisir des visiteurs les plus curieux qui auront eux le plaisir de découvrir dans le calme cette île encore authentique.

Le départ du Waitukubuli National Trail se fait habituellement depuis le village de Soufrière à quelques kilomètres au sud de la capitale. Son nom est assez clair, l‘île est volcanique comme toutes celles de la ceinture caraïbe où on peut retrouver le toponyme en divers lieux. Le plus amusant est de découvrir une source chaude sur le sable de la plage à la température parfaitement régulée par les vagues, excellente introduction aux charmes de l‘île.


Le Waitukubuli National Trail, une traversée de 184km de la Dominique

La forêt là bas c’est LA forêt on y entre pour la journée et on évolue sous une canopée dense qui maintient une température agréable. J’imaginais avoir très chaud pendant cette traversée mais j’ai plutôt du endurer l’humidité systématique et quelques soirées presque fraiches surtout dans l’intérieur. Sachez aussi que le centre de l‘île n’est pas vraiment pensée pour les touristes. Ce n’est pas un problème et les petits hôtels suffisent bien largement. Cela ajoute au charme. Attendez-vous cependant à dormir sous tente pendant 3-4 jours surtout sur la fin du parcours à partir du segment 6 lorsqu’on s‘éloigne un peu des rares villages.


L’expérience de longues heures à marcher en forêt. Voir plus

Le Waitukubuli Trail permet la traversée complète de l‘île sur 185km. le circuit est découpé en 14 segments pensés pour un trek de 2 semaines pour un bon marcheur. J’insiste sur ce fait, certains passages sont particulièrement techniques. Si la météo s’en mêle le terrain peut-être très humide et glissant, et lors de notre traversée tout le monde est tombé au moins une fois ou plus. Nous avons ainsi du à l’occasion d’une étape doublant 2 tronçons (les 2 et 3) faire appel à un taxi car il ne nous était pas possible de terminer la marche de nuit dans la forêt. Je le répète donc, le Waitubuli est un circuit exigeant et si vous passez via un agence comme Nomade Aventure il vous faudra un très bon niveau de randonnée pour suivre le groupe.


Piscine naturelle d’eau chaude après la vallée de la désolation. Voir plus

A tout moment le long du sentier la terre nous indique qu’elle est volcanique. Ainsi les villages possèdent presque tous une source d’eau chaude aménagée en bain municipal où vous pourrez parfois vous baigner et vous réchauffer en fin de journée.
Plus encore, la zone de Boiling Lake et la vallée de la Désolation nous rappelle que de l‘île émane un volcanisme très actif. Boiling Lake n’est rien d’autre que le cratère d’un volcan en activité et recouvert d’un lac. D’un diamètre et d’une profondeur d’environ 60m, l’activité en son fond maintient sa température à plus de 80°C ce qui laisse supposer une belle puissance cachée.


Les fumerolles de la vallée de la désolation. Voir plus

On y accède après une dizaine de kilomètres d’une marche assez physique qui vous fera faire un détour de la trace principale du Waitukubuli. Il faut simplement prévoir une journée dédiée car le sentier qui y mène traversent aussi une zone de fumerolles, la vallée de la désolation, l’occasion de nombreuses pauses curieuses.


Les sentiers assez techniques du Waitukubuli. Cette photo est assez parlante quant à la difficulté des sentiers du Waitukubuli. Ceux-ci évoluent entre les arbres souvent très vivaces, l’humidité ambiante les rend très glissants, les racines sont des pièges permanents qui profiteront de votre fatigue pour vous faire trébucher et le relief du terrain est très marqué.


Randonneurs sur le Waitukubuli National Trail

En complément de l’immersion de plusieurs jours dans l’une des plus belles forêts de l’arc Caraïbes et sans doute la mieux préservée, ce voyage offre la possibilité de rencontrer les derniers Caraïbes. Il ne s’agit pas ici de faire de l’ethnologie de comptoir, mais nous cherchons tous à faire quelques rencontres enrichissantes. Nous avons ainsi eu la possibilité de discuter avec Irvince, l’ancien chef de la communauté Kalinago et de se fait un interlocuteur important d’une culture encore un peu présente.


Bernard Gabriel est un Kalinago, descendant des Indiens Arawaks qui peuplaient l’archipel Caraïbe à l‘époque pré-colombienne. Voir plus

Un peu d’histoire :
On sait peu que la mer des Caraïbes et le nom de l’archipel auquel appartient les îles de Guadeloupe, Dominique, Martinique et d’autres encore provient d’un ensemble de peuples Amérindiens. Les Caraïbes vivaient des côtes du Venezuela jusqu‘à Cuba et avaient peuplées de différentes ethnies les îles rencontrées aux larges aussi haut que Cuba. A l’arrivée des Européens, la plupart des habitants furent exterminés et remplacés par les esclaves importés d’Afrique. Sur la Dominique, les autochtones eurent plus de chance et une population d’environ 3000 personnes a pu se maintenir jusqu‘à nos jours. Ils disposent d’ailleurs d’une certaine structure et d’une autonomie qui fait d’eux les derniers descendants de l’ancienne culture Caraïbe d’Amérique Centrale.

Je ne suis jamais encore allé en Guadeloupe ou en Martinique, je ne saurais donc comparer, mais j’ai trouvé cette île particulièrement agréable. Il se dégage un calme décalé et une douceur de vivre amplifiée par la culture rasta très plaisante. Imaginez sortir de la forêt après une longue journée, entrer dans un village et passer devant les premières maisons d’où raisonne une musique regga. L’atmosphère est cool et on se laisse prendre par l’ambiance.


Philipp, better known as Lindoo. Agriculteur Rasta. Voir plus


La côte atlantique de l‘île de la Dominique. En dehors de Roseau au sud et Portsmouth au nord, les côtes sont globalement assez vierges surtout sur la façade atlantique. Voir plus

Vous pouvez aussi consulter cette sélection de 24 photos de la Dominique réalisées à l’occasion de ce même voyage.

Plus d’info sur la Dominique et le Waitukubuli National Trail

Le site du Waitukubuli Trail.
Le circuit proposé par Nomade Aventure avec qui j’ai découvert l‘île.
Le site officiel de l’office de tourisme de Dominique.
Une présentation sur I-Trekkings de la traversée de l‘île
Différents articles de Sylvain Bazin qui y a organisé un Trail.